Plus de 12 000 ménages vivent dans des conditions humanitaires précaires dans le territoire de Lubero, province du Nord-Kivu, à l’est de la République Démocratique du Congo.
Ce nombre a triplé en raison de l’afflux massif de populations civiles fuyant des zones déchirées par les conflits armés.
Depuis mi-2024, Lubero-Centre, situé à 45 kilomètres sur la route Butembo-Goma, n’a cessé d’accueillir des vagues de personnes victimes des atrocités orchestrées par des groupes armés, tant locaux qu’étrangers.
Selon la société civile et les forces vives du Noyau de cette commune, les habitants de Lubero, presque le seul milieu sécurisé du territoire, font face depuis six mois à un mode de vie inhabituel. D’un côté, ils subissent l’avancée des rebelles M23-AFC-RDF signalée du côté de Kanyabayonga, Kayna et Kirumba ; de l’autre, ils font face à des attaques meurtrières récurrentes attribuées aux rebelles ougandais des Forces Démocratiques Alliées (ADF) dans la partie nord-ouest de cette agglomération.
La commune de Lubero-centre est devenue l’unique site de refuge pour la quasi-totalité des entités du territoire de Lubero. Avec cet afflux important de populations, de nombreuses conséquences néfastes sont palpables.
Monsieur Mumbere Vahalwire président de forces vives locales a cité notamment :
- Le besoin élevé en nourriture, malgré la dernière aide humanitaire observée au mois de novembre dernier.
- L’absence de traitement médical adéquat face aux multiples pathologies liées aux conditions de vie.
- La carence en eau potable. Les robinets ont cessé de fournir de l’eau depuis un certain temps. La quantité d’eau, qui ne suffisait déjà pas à la seule population de Lubero-Centre, constitue un véritable casse-tête face à ce surpeuplement.
- Le manque d’un cadre d’habitation approprié. Certains déplacés passent leurs nuits dans des écoles. Pour essayer de soulager cette souffrance, un bienfaiteur a construit un site d’accueil pour les recevoir ; malheureusement, ce camp est installé à proximité du camp des militaires, ce qui pose un autre problème.
- La résurgence d’une insécurité croissante, caractérisée par des cas de pillage, de cambriolage, de vol de biens et même de viols sur des femmes. Dans ce contexte, les auteurs restent inconnus, a énuméré Monsieur Mumbere Vahalwire, président de la société civile locale.
Il a ajouté qu’en raison de la volatilité de la situation sécuritaire dans la région, le chef-lieu du territoire de Lubero s’est vu couper de tous ses greniers agricoles, notamment Kasugho et Manguredjipa, où les populations se ravitaillaient en denrées alimentaires.
Ce calvaire est connu des autorités administratives locales. L’administrateur de territoire de Lubero, le Colonel Kiwewa Alain, plaide quant à lui pour une intervention urgente du gouvernement congolais et de ses partenaires afin d’épauler ces victimes des affres de la guerre dans laquelle le Rwanda est cité comme tireur de ficelles.
« La situation humanitaire est catastrophique suite à cette agression du Rwanda et aux assauts répétés des ADF venant de tous les côtés. Tout cela implique un grand nombre de déplacés internes jusqu’ici. Vous le savez, un déplacé quitte sa maison sans le vouloir, sans la moindre préparation ; en arrivant dans la localité d’accueil, il est pratiquement démuni. C’est pourquoi il y a un problème humanitaire. À Lubero, il fait très froid et il pleut presque à chaque instant. Donc cela nécessite que quelqu’un puisse avoir des abris pour se protéger contre les intempéries. Ce sont des besoins humanitaires pressants qui nous guettent. J’en profite pour faire appel au gouvernement et aux organisations humanitaires afin qu’ils viennent nous assister car nous en avons vraiment besoin,» a-t-il lancé.
Il faut noter que les dernières vagues de déplacement proviennent des localités d’Alimbongo et Kitsombiro où les combattants M23-AFC-RDF sèment terreur et désolation, tandis que du côté nord-ouest du territoire de Lubero se déroulent des tueries accrues de civils par l’ADF.
Robert Mulyami depuis Butembo